D’une nuit à l’autre, de « Tchernobyl Forever » aux Indiens Mayas d’Amérique Centrale: savoir d’où l’on vient, pour mieux comprendre où l’on va.
mardi, 13 décembre 2016
À la suite de l’invitation faite au photographe Alain-Gilles Bastide de présenter son travail, Tchernobyl Forever au Yucatan (Mexique), le metteur en scène et homme de théâtre Jean-Pierre Dupuy a écrit ce texte de pensée que l’Institut Charles Cros présente, dans le cadre de ses Passerelles internationales. La réflexion de Jean-Pierre Dupuy confronte les expressions du vivant aux « mémoires-miroirs », que les mythes interpellent.
Pourquoi ce lien biélorusse ver un lieu symbole du Mexique ancien ? De fait, les descendants des Mayas du Yucatan restent particulièrement attentifs à la catastrophe de Tchernobyl, scrutant dans les événements contemporains, les correspondances du présent avec le passé et les signes du présent du futur. Une conférence avec le photographe Alain-Gilles Bastide s’est déroulée lors du nouvel an Maya au solstice d’automne le 22 septembre 2016, dans le contexte de l’exposition présentée par l’Alliance Française.
Pour mémoire, l’ouvrage (livre & DVD) Tchernobyl forever a été publié en 2015. Il rassemble des textes et des documents inédits, qui ont pu être édités, grâce à une campagne de financement participatif. Ce livre a suscité un appel humanitaire international au profit des quelque 500 000 enfants biélorusses touchés par la catastrophe. Le metteur en scène Jean-Pierre Dupuy est Conseiller technique et pédagogique d’Éducation Populaire de théâtre auprès du Ministère de la Jeunesse et Sports. Au delà du théâtre, la photographie et les arts visuels et plastiques recoupent l’essentiel de ses préoccupations comme l’expérimentation de nouvelles formes de gestion et d’expression du lien social.
Préambule
Avec Tchernobyl Forever, Alain-Gilles Bastide nous invite au douloureux constat de voir avec le nucléaire, nos vies dans la dépendance d’apprenti-sorciers. Lesquels apprentis n’en sont pas moins les héritiers de la civilisation grecque, elle-même héritière de la civilisation mycénienne… tenue aujourd’hui pour berceau de l’humanité. Cette histoire-là -la notre- semble s’être écrite au détriment d’une autre. Que serait-il advenu de nous si notre dynamique de développement eût été amérindienne? Le comparatif d’une civilisation à l’autre renvoie à la question toute simple: à quel prix une civilisation en domine et en balaie une autre? À question simple, réponse des plus complexes.
Considérant les Mayas, (et les civilisations amérindiennes d’Amérique du Sud), les “conquistadors“ -c’est-à-dire les colonisateurs espagnols- n’eurent de cesse que d’effacer, anéantir et refouler toutes traces de cette civilisation… Y sont-ils parvenus? La civilisation Maya se fondait, entre autre, sur l’écriture dont le support écorce d’arbre était facile à brûler. Holocauste du livre indien préservant la domination sans partage du Livre judéo-chrétien… Cette chère “Sainte Bible“ dont le dernier chapitre s’appelle Tchernobyl Forever.
Au commencement était le verbe, nous dit le Livre saint… Et si par hypothèse ce verbe fut Maya, quelle histoire en aurait-il résulté pour l’espèce humaine. On peut objecter que “la raison du plus fort est toujours la meilleure“… Mais quand cette raison via Tchernobyl Forever devient folie… Ne faut-il pas revoir sa copie ?
De “Tchernobyl“ au Maya, c’est dans l’ordre d’une entreprise et aventure critiques que Alain-Gilles Bastide, en chercheur conséquent, entreprend de faire le lien, de franchir le pas, procéda-t-il d’un grand écart. On peut douter sérieusement de la capacité propre au système capitalisto-libéral mondialisé, à nous sortir de l’impasse où il nous a fourré! On peut être enclin à penser que l’impérialisme occidental en serait arrivé à cette phase ultime que n’ayant plus rien à perdre, il en viendrait à s’anéantir lui-même. Il y a là toute une théorie du suicide qu’illustre parfaitement l’avatar fasciste de Hitler et du terrorisme contemporain… Tchernobyl Forever témoigne d’un monde agonisant qui joue à pile ou face avec sa survie, tant par son option nucléaire dont elle ne maîtrise en rien le devenir que par le développement insensé de son système d’exploitation des hommes et des choses, qui va bien au-delà de ce que peut supporter la nature… comme l’homme lui-même (qui a à son actif quelques révolutions avortées et malheureuses oblitérant lourdement l’avenir de l’espèce).
Comment l’espèce humaine évitera-t-elle l’anéantissement? Comment, si elle y parvient, organisera-t-elle sa survie et son développement? Quand on désespère de trouver des réponses en interne, il est de pur bon sens d’aller les chercher “ailleurs“. Tel paraît le sens de l’entreprise initié par Alain-Gilles Bastide à l’orée de cet automne 2016.
Sortir de la route …Et se remettre en piste
La route toute tracée, nous conduit à Tchernobyl … en droite ligne. On appelle cela : aller droit dans le mur! Et on a beau le savoir, on y va… Que TCHERNOBYL devienne FUKUSHIMA ne fait qu’entériner l’impasse, d’aucuns diraient l’imposture[1] dans laquelle nous barbotons[2]. Vraiment il paraît opportun d’abandonner la route toute tracée du développement en cours, pour retrouver des chemins buissonniers. Arrêter de jouer au cowboy et voir ce que l’on peut apprendre et assimiler de l’indien. Ainsi donc, revenir en arrière, à la croisée des chemins… Quand une civilisation a pris le pas sur une autre.
Jeu de pistes que celui que souhaite emprunter Alain-Gilles Bastide, auteur, on le sait, de l’ouvrage Tchernobyl Forever. Sa visite projetée en pays Maya excède la problématique mortifère de Tchernobyl Forever. Il s’agirait de donner à l’espoir une once de légitimité. Retrouver une errance bienfaisante. Devrait-on pour cela sortir des sentiers battus et aller chercher un semblant de réponse à l’impasse nucléaire, impérialiste et néocolonialistes, chez les opprimés. Car en tout état de cause, les Mayas sont toujours des Indiens, et des opprimés témoins vivants des méfaits de l’impérialisme.
Si une solution existe face à l’anéantissement programmé, elle ne peut être que dans l’impensé et l’impensable, et pour l’appréhender faire une place indispensable à ce petit “peu“ de poésie qui un tant soit ce “peu“ modifie le regard que l’on porte sur le monde et sur soi. C’est bien du côté de l’inconscient que-semble-t-il, il faille aller chercher… ce “peu“.[3]
Comment élargir le champ de réflexion au-delà d’un savoir ethno-centré, occidental, lourdement expertisé?… Et vainement expertisés. Car… par rapport aux danger encouru, vivement nommé, et renommé… dont nous serions avertis jusqu’à la saturation… il n’est que de constater, une incroyable force d’inertie. Que rien ne bouge. L’humain ne peut plus se penser que comme gisant.
Aller voir « ailleurs » si nous y sommes !
Gisant disions-nous et accessoirement comme déchet. Le nucléaire pose techniquement la question des déchets sans mesurer qu’il fait de l’homme lui même un déchet, une déjection, un inopportun mal venu. Nous sommes donc bel et bien en fin de partie[4]! Comme disait ma grand-mère quand -petit- je l’importunait de questions: va voir “ailleurs“ si j’y suis ! Chiche[5] !
Comme si le capitalisme libéral à l’apogée de sa puissance, se montrait incapable de mettre en œuvre une gestion raisonnable du monde. Fatalité. Confusion totale du monde et du “grand monde“ petite catégorie sociale dite supérieure de ceux qui croient disposer du pouvoir et de l’argent et tenir entre leur main le sort du monde et des peuples. Il se pourrait que trop de puissance (cf. le nucléaire) n’ait pas d’autre débouché que l’impuissance. Heureuse dialectique. Mais mortelle dialectique qui n’a comme perspective que l’auto destruction.
Alors, il faut chercher ailleurs, car la solution n’appartient pas à la civilisation judéo-chrétienne et gréco-latine. Ailleurs… Aller à la rencontre des Mayas par exemple, pour donner configuration à cet “ailleurs“.
Une histoire qui reste à écrire
À priori, l’impérialisme a depuis longtemps stérilisé les ressources des civilisations indiennes en les enfermant dans l’exotisme et le folklore. C’est le philosophe marxiste italien Antonio Gramsci[6] qui le premier, va mettre la puce à l’oreille aux opprimés. Pasolini le suivra sur ce terrain… Et dénoncera avec vigueur la tentative de mainmise des puissants sur l’imaginaire et leur capacité à nier, détruire et dévaloriser toute valeur issue du peuple. L’impérialisme se donne les moyens de produire une idéologie dominante tous azimuts; apte à récupérer tout acte de résistance ; apte à tout vendre, apte à tout assimiler[7]: l’impérialisme est totalitaire et l’outil de son hégémonie serait la démocratie (formelle). L’impérialisme fixe le champ d’investigation autorisé et exerce hors de ce champ une censure impitoyable[8]. Aucune place pour d’autres valeurs que les siennes. Faire retour sur les civilisations amérindiennes, c’est poser un acte de résistance politique mais aussi se donner les moyens d’une pensée introuvable, et s’approprier une histoire qui reste à écrire.
Certes, les oppresseurs colonisateurs croient avoir pu rayer de la carte le système de valeurs, la culture de l’opprimé. L’impérialiste imbu de sa puissance pense avoir réussi son coup. Certes il a rencontré des résistances mais à l’usure, même s’il pense avoir expurgé et épuré les consciences de l’opprimé/colonisé de toutes “diableries“, et en avoir fait un serviteur servile de sa loi et de ses intérêts… ça résiste de toutes les manières.
Moi qui ça ?
Les “moiquiça“ sont un produit hybride de l’oppression impérialiste qui définit les contours des traites (les “blancs“ qui ne jouent pas le jeu de la supériorité civilisatrice), comme l’opprimé indien ou africain ex-colonisé qui ne joue pas non plus, le jeu servile qu’exige de lui l’impérialisme culturel (la morale comme la culture comme le vivre ensemble sont autant de tenue de camouflage du pillage économique de la planète).
Aller chez les Mayas c’est aller à la rencontre d’un questionnement sur soi dès lors qu’on se reconnait un lien, une filiation avec eux. Que peuvent-ils dire? Que pouvons-nous nous dire? Quelles mesures de nous-mêmes et réciproquement peut–il résulter de la rencontre? Rien ne peut s’anticiper d’une réponse possible à une question elle même impossible car dans cette approche il n’est rien à demander! Il n’y a qu’une disponibilité à offrir c’est tout le paradoxe de confronter Tchernobyl forever à des Indiens captifs d’une folie des hommes dont ils peuvent se dire innocents.
Car soudain Tchernobyl tragique histoire de mort trouve une reconversion brutale et improbable en histoire d’amour. On pense au “Captif amoureux“ de Jean Genet[9], remarquable témoignage de l’histoire du peuple palestinien! Car nous en sommes là de croire que l’Histoire serait celle des puissants alors qu’elle n’est fondamentalement que l’histoire des plus quelconques… Histoire anonyme des peuples! Mais nous l’avons dit cette histoire-là reste à écrire que tant d’écrivain français créole; Fanon, Edouard Glissant, Aimé Césaire… ont entrepris d’écrire en explorant la langue française… Comme Jacques Rancière ou Jérémie Piolat.[10] Ce dernier met bien en évidence que l’oppresseur ne sort pas indemne de sa domination… Il se voit en quelque sorte contaminé, voire porteur à son insu des valeurs qu’il prétend fustiger censurer et refouler… Un inconscient se configure comme garde-mémoire. Et donc là où il y a refoulement, il n’y a pas lieu de s’étonner d’un retour du refoulé… On peut même le solliciter et s’en féliciter. Se munir de sa fonction poétique et s’attaquer à la langue, langue des mots comme langue des images et c’est avec ces deux fers au feu, qu’Alain-Gilles Bastide monte au créneau, ou à la barricade si l’on préfère.
S’ in-définir …Refus de s’arrêter sur une définition normée de soi
La vaine est féconde et ouverte dans laquelle s’engage, voire se sont engagés depuis longtemps les “moiquiça?“ (variation de “ma quis’art“) dont nous venons d’évoquer quelques remarquables spécimen de Genet à Piolat. Membre de la tribu, Alain-Gilles Bastide poète/imagier comme il aime se définir ou pour mieux dire s’indéfinir, ouvre son chantier d’écriture à la vision maya des choses. Une vision qu’on pensera a priori a normale… Privée des normes en vigueur.
C’est bien de cela dont il sera question dans l’abrupte rencontre Tchernobyl/Maya :
d’indéfinir le problème… C’est-à-dire de poser le principe d’un acte poétique comme seule alternative, comme seule réponse à l’inflation des expertises qui étayent la bonne conscience impérialiste sans rien changer sur le fond au problème. Contre le fric paramètre exclusif de la valeur, faire jouer l’instance du récit, d’une subjectivité amoureuse, d’émotions imprévues.
S ‘entendre
Poser la question du récit de sa nature et de sa fonction, c’est s’inviter à prendre le temps d’une écoute. Entendre aussi bien ce qui se dit que ce qui ne se dit pas or comme le hors champ du film en dit long sur l’image présentée, le silence ou les silences éclairent la parole qui se profère[11]. Écouter la parole de celui qui est ailleurs, avec la patience et l’humilité nécessaire, procède du désir de s’entendre. Désir de s’aimer, désir d’aimer les Mayas. Désir d’étreinte. Des corps comme de la langue qui les parle. C’est la belle leçon de Genet vécue avec le peuple palestinien. Un peuple peut se prendre en bras et sa langue, en bouche !
Aux innocents les mains pleines dit-on, alors le pari serait que la civilisation maya et le peuple héritier de cette civilisation, innocente du crime nucléaire peut nous en dire beaucoup.
Poète, Alain-Gilles Bastide ajoute à sa capacité de conteur, les ressources de l’art photographique. Il est intéressant de constater que la photographie est la pratique la mieux partagée du monde. Avec l’inflation des appareils portables, la société du spectacle dont Debord disait qu’elle était contraire au dialogue, atteint un degré de déliquescence vertigineux. Mesurer en passant à quel point la téléphonie portable est le tombeau de tout dialogue possible n’est pas le moindre des paradoxes.
La question qui reste entière : à quel moment et pour quelle raison une pratique langagière devient un acte poétique? Bien entendu, photo ou récit ou pratiques artistiques en général, les suppôts du capital s’entendent à en confisquer et détourner les finalités. À priori, comme le dit le grand philosophe Adorno: “La fonction sociale de l’art est de ne pas en avoir“ il suffit que ça communique pour que une juste suspicion mérite de s’entretenir. Comme le terrain d’investigation que choisit Alain-Gilles Bastide reste imprévisible, porteur d’incompréhension et d’énigme, l’espoir d’une musique à entendre en devient possible.
Certes, il existe une réalité que l’on pourrait dire documentaire. Une stricte identification et représentation des faits… mais ce paramètre si important soit-il ne peut pas recouvrir la réalité à saisir, surtout quand cette réalité dépasse l’entendement. Seul, l’acte poétique, venant au secours du documentaire, peut finalement rendre un juste compte de la réalité. Étant entendu que l’acte poétique n’est ni un supplément d’âme, ni une parure décorative… mais une signature. Un regard singulier pour ne pas dire étrange.
Pour être reconnue dans toute ses dimensions, secrète et avouée, la réalité a besoin que la mise au point, s’accompagne d’un point de vue aussi singulier que possible. Point de vue qui se dégage de la langue[12] et c’est le récit. Point de vue qui se dégage du monde de l’image et c’est la photographie. Dans tous les cas, l’imprévisible, l’inattendu sont au rendez-vous.
Avec Tchernobyl Forever, Alain Gilles Bastide avait pris rendez-vous avec la mort atomique ; avec les Mayas ce sera rendez-vous avec un possible jaillissement des origines. Ainsi sachant mieux d’où nous serions venus, peut-être nous sera-t-il donner de mieux comprendre où la vie peut nous mener. Autrement que par le bout du nez. “Quand on est dans la merde, il faut savoir chanter“ dit Beckett. Il pourrait bien s’agir de cela…
Un ami retour du Brésil me le disait “c’est incroyable la misère qu’il y a là-bas, mais ils chantent!“
Oui, c’est incroyable !
Jean-Pierre Dupuy
Journaliste/Homme de théâtre
28 Août 2016
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[1] Sur le registre de l’imposture, on appréciera avec bonheur les analyses de Roland Gori. Président de l’appel des appels, Roland Gori dénonce l’emprise de la technique, des experts, des normes, du spectacle et des agences de notations financières qui assignent les citoyens à n’être que des exécutants serviles d’un système de consommation. Roland Gori dit ceci : « .. il faut arrêter de regarder le compteur et voir la route sinon l’on va dans le décor. Il faut permettre à l’homme d’éprouver ses expériences de vie. Il faut redonner au vivant toute sa place. Il y a une très belle phrase de Georges Canguilhem qui dit : « la raison est régulière comme un comptable ; la vie, anarchique comme un artiste ». Il faut être rationnel mais aussi avoir un peu de vie poétique en nous sinon on est mort. ». Dernier livre paru : La fabrique des imposteurs, Édition « Les Liens qui Libèrent ». 2013
[2] Nous employons le verbe barboter car nous pensons au conte des frères Grimm « le joueur de flûte de Hamelin » …
[3] Ce « peu » implique le risque que l’on se perde comme le formalise le psychanalyste américain s Adam Phillip dans son ouvrage « Trois capacités négatives » Édition de l’Olivier. 2009 .Adam Phillips explique que les cartes sont des objets de falsification …qui servent de leurre à l’homme pour éviter de se perdre alors que perdu …Il le serait radicalement. Radicalement entendu là comme racine …de son mal être ? Phillips rejoint donc Gori sur une stratégie du hors norme et d’une sortie des sentiers battus …
[4] Nul mieux que Samuel Beckett poète dramatique du siècle dernier n’aura su prendre la mesure de l’humain confiné au rôle de déchet …Il a écrit Fin de partie (édition de Minuit 1957) qualifiée d’absurde mais qu’avec le temps, on peut, pourrait qualifier d’hyper réaliste tant les personnages ont pu prendre corps et tournure dans la réalité sociale d’aujourd’hui.
[5] Avec ce “chiche“ prévaut le point de vue Paletoanthropologique sur tout autre considération, donc grand mère s’appellera Lucy, éthiopienne, sans que l’on sache trop s’il s’agit d’un homme ou d’une femme mais classé australopithèque, son grand âge – des millions d’années- lui confère autorité sur la quête de nos origines.
[6] Ce que Gramsci va analyser (“Cahiers de prison“) c’est la puissance culturelle du système capitaliste c’est-à-dire sa capacité à faire penser et rêver tout le monde selon les valeurs propres du capitalisme. En somme, Gramsci anticipe un constat que Barthes viendra corroborer : il n’y a qu’une idéologie dominante qui domine sans partage tandis que l’idéologie dominée s’avère littéralement “refoulée“. Pasolini reprendra à son compte le positionnement de Gramsci. Cf “Écrits corsaires“ Flammarion 2009
[7] Cette assimilation si chère à Sarkozy zélé serviteur des puissances d’argent
[8]Il semble que ce soit Bernard Noël qui soit l’écrivain qui témoigne le plus radicalement de cette censure. Bernard Noël a écrit un livre culte Le château de cène Edition Gallimard 1969
[9] De l’ouvrage de Genet, le site Itinéraire dit ceci : “Loin du panégyrique espéré, de l’écrit engagé attendu par les défenseurs de la cause palestinienne, Genet se démarque : il ne sera pas un soldat de la révolution, il n’en sera pas même l’un des penseurs. En effet, il se définira plutôt comme un observateur et un conteur tout en donnant sa propre vision politique du conflit. C’est au cœur de l’intime que Genet entend trouver sa vision de la Palestine : il retravaille le souvenir en l’articulant à la fiction dans un “mémoire-miroir“. En cela l’histoire d’amour du peuple palestinien devient un révélateur de la grande histoire… On y voit bien un peu de fiction venir au secours de la mémoire… Ce “peu de chose“ d’ordre poétique qui transcende le sujet et lui donne son authencité et son autorité. Un captif amoureux Jean Genet . Gallimard 1986
[10] On doit à Jérémie Piolat un Portrait du colonialiste, ou l’effet boomerang de sa violence et de ses destructions. Edition « les empêcheurs de tourner en rond/La découverte ».2011
[11] Retour un instant sur Samuel Beckett et son écriture : temps et pause sont des dyscalies récurentes de tous ses textes de théâtre. Il fait donc entendre le silence, fait résonner le non dit. En tout cas invite à réfléchir et en accorde le temps à son lecteur.
[12] Entendons bien que c’est de l’usage normé de la langue qu’il faut se dégager et de son asservissement à la communication …
No. 1 — octobre 14th, 2020 at 15:33
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